
Après trois ans chez La Banque Postale Assurances IARD et un passage chez Carrefour Banque et Assurance, Emna Bennour a rejoint VILAVI, en juillet 2022, en tant que Chargée d'études actuarielles (Direction Technique - Actuariat). Elle nous parle de son métier et des enjeux qui y sont liés.
En quoi consiste le métier de chargé d'études actuarielles ?
Ce métier consiste avant tout, pour chacun de nos produits, à trouver le meilleur équilibre entre un tarif attractif pour le client, la rentabilité pour l'assureur, et la rémunération perçue par VILAVI. Pour y parvenir, j'ai plusieurs missions à mon actif :
- Tarification et suivi de rentabilité des produits d'assurance : je développe des modèles statistiques pour déterminer le tarif juste, adapté aux différents profils de nos clients et permettant de trouver l'équilibre que j'évoquais précédemment. Une fois le produit mis sur le marché, nous le mettons à jour en fonction des évolutions du marché et de sa rentabilité.
- Provisionnement : la complexité dans le monde de l'assurance, c'est que l'on vend un produit avant de savoir ce qu'il coûte. Le provisionnement est crucial pour anticiper les coûts futurs des sinistres et mettre de côté les fonds nécessaires pour répondre à nos engagements.
- Négociation avec les assureurs : en tant que courtier, nos partenaires assureurs sont très diversifiés. À l'actuariat, nous avons donc aussi un rôle de négociateur, afin de trouver, avec eux, un accord sur les tarifs et les conditions des produits que nous développons. Pour cela, on réalise des business plans (évaluation de la rentabilité du produit) et des études d'impact (estimation des conséquences sur chaque partie prenante si des changements interviennent sur le marché).
En tant que chargé d'études actuarielles, notre travail repose donc sur notre capacité d'anticipation (des risques, de la rentabilité...) permise par la veille et l'analyse de données statistiques. On doit ensuite réussir à "vulgariser" ces données pour guider la prise de décision des différentes parties prenantes.
Finalement, à l'actuariat, nous sommes des éclaireurs !
Comment intègres-tu l'évolution des réglementations ? Comment gères-tu l'incertitude dans tes modèles de prévision ?
La réglementation est une composante essentielle de mon travail car elle évolue constamment. Elle peut toucher la prime, les taxes, les règles de souscription... Je m'en informe principalement dans la presse spécialisée, via des notes internes de notre service conformité ou des articles rédigés directement par les assureurs. Lorsqu'une nouveauté réglementaire survient, il est nécessaire de chiffrer l'impact financier pour l'entreprise et les clients, et de mettre à jour tous nos tarifs. Il est également important d'analyser si le portefeuille de l'entreprise est particulièrement exposé à cette réglementation ou non, pour comprendre le degré d'ajustement à apporter à l'offre.
Pour gérer l'incertitude, mes collègues et moi établissons des hypothèses basées sur la situation économique actuelle et passée. Une fois les hypothèses établies, on réalise des "stress tests" en modifiant certains paramètres clés (comme le taux de sinistralité) pour évaluer l'impact sur les résultats (coûts, rentabilité...). On définit ainsi un scénario central (le plus probable), un "pire" scénario, et un scénario "optimiste", en associant souvent un intervalle de confiance à nos estimations.
Il est crucial de comprendre que chaque modèle est valable dans un contexte et un horizon temporel précis, et sous réserve que les hypothèses soient respectées. C'est pourquoi un travail de validation, a posteriori, est effectué pour comparer les prévisions avec la réalité et identifier les axes d'amélioration des modèles.
Quels outils utilises-tu au quotidien ? Qui sont tes interlocuteurs ?
J'utilise principalement le logiciel "SAS" pour l'extraction et l'analyse de données ainsi qu'Excel pour ces mêmes tâches, mais aussi pour le partage et la visualisation de ces données avec nos interlocuteurs, plus simplifiés et pédagogiques que sur SAS.
Au service actuariat, nos interlocuteurs sont variés, à commencer par nos partenaires assureurs. On travaille aussi beaucoup avec le service "Offre et Conformité du groupe", pour développer nos nouveaux produits. Nous sommes également en étroite relation avec la direction informatique, qui s'occupe de la mise en production des nouveaux tarifs et produits, de leur implémentation en ligne. Ponctuellement, le service commercial fait appel à nous pour répondre à des questions techniques ou apporter du contexte sur les règles de souscription des contrats.
Selon toi, quelles sont les qualités requises d'un bon chargé d'études actuarielles ?
Selon moi, un chargé d'études actuarielles doit impérativement :
- Être rigoureux car le métier implique de manipuler et de comparer de nombreux chiffres qui doivent être précis et cohérents.
- Être curieux pour explorer les sujets en profondeur et identifier des pistes d'analyse innovantes.
- Avoir un bon esprit d'analyse et un esprit logique pour interpréter les données de façon cohérente et développer les modèles les plus pertinents possible.
- Être pédagogue car il est crucial de pouvoir communiquer clairement et simplement des informations techniques complexes à nos différents interlocuteurs pour faciliter leur prise de décision.
Quelles perspectives d'évolution vois-tu pour ce métier dans les prochaines années ?
Je pense que le métier sera amené à évoluer avec son environnement. L'augmentation de la fréquence et du coût des catastrophes naturelles due au réchauffement climatique, ainsi que l'émergence de nouveaux risques comme les cyberattaques, poseront sûrement la question de leur assurabilité et de leur tarification.
Je pense aussi que le développement de l'intelligence artificielle et des outils de génération de données pourraient offrir de nouvelles solutions pour faire face à ces problématiques.